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Découvertes Cinéma
8 février 2015

Wild (2014) - Ce que l'on perd nous rend plus fort.

wild-reese-witherspoon1Décidément, Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y. en 2005, Café de Flore en 2011, Dallas Buyers Club en 2013) a trouvé une recette qui fonctionne pour lui et pour les acteurs qui ont la chance de travailler avec lui à Hollywood. Pour la deuxième fois en autant d'années, Vallée réussit le défi de tourner un film avec un bugdet très modeste comparativement aux autres projets hollywoodiens tout en accumulant les nominations aux Oscars pour ses acteurs et en réalisant des profits très intéressants pour ses films! En effet, le budget de Dallas Buyers Club a été évalué à 5 millions pour 55 millons de dollars en entrées pour le box office mondial, tout en ayant offert un Oscar à chacun de ses 2 acteurs principaux (Jared Leto et Matthew McConaughey), tandis que Wild dont le budget limité non chiffré est déjà rendu à 44 millions internationalement et deux nomations aux Oscars pour les actrices principales: Reese Witherspoon (Walk the Line (2005) (pour lequel elle a gagné l'oscar meilleur actrice), Mud (2012), Devil's Knot (2013)) et Laura Dern (The Fault in Our Stars (2014) et la trilogie Jurassic Park). Gageons que ce lucratif réalisateur n'aura pas fini de si tôt de trouver du travail chez nos voisins américains, au grand plaisir des cinéphiles!

Cette fois-ci, Jean-Marc Vallée met en images l'histoire vraie de Cheryl Strayed qui, après la mort prématurée de sa mère, perd tous ses moyens et s'enfonce dans un monde de débauche, perdant ainsi son mari et tous ses repères. Pour espérer s'en sortir, elle décide de faire à pied 1 600 kilomètres sur la crête du Pacifique en solitaire, même si elle ne connaît strictement rien à la randonnée pédestre. Nous suivons son parcours parmi les montages, la chaleur et la neige, bravant les épreuves autant physiques que mentales que ce voyage génère en elle.

Le défi était énorme et il est relevé avec brio. On aurait facilement pu tomber dans le cliché, dans ce que l'on dit trop, ce que l'on montre trop, mais Vallée réussit à éviter les pièges et les longueurs. Reese Witherspoon est à son meilleur, comme nous ne l'avons jamais vu auparavant. C'est un rôle taillé sur mesure pour elle qui s'est donné généreusement dans son travail. En fait, toute la distribution offre de superbes performances, même les petits rôles tels que le tatoueur (le chanteur Art Alexakis du groupe Everclear), par exemple. Jean-Marc Vallée parvient à raconter des histoires vraies qui restent réalistes, même une fois passée au travers de son filtre cinématographique pourtant poétique, éclaté, souple, toujours magnifié par la musique judicieusement choisie. Le montage se libère à travers les flashbacks et les images mentales qui remontent à la mémoire de l'héroïne, le réalisateur semble être capable de filmer ce qui se passe dans la tête de Cheryl et reste très proche de l'expérience humaine, ce qui facilite l'adhésion du spectateur à la réalité de la protagoniste. Elle tente de panser  ses blessures pendant que nous pensons aux nôtres, nous marchons avec elle, nous souffrons avec elle, nous avons envie de nous aussi nous lancer dans une grande aventure. Même les plus petites péripéties nous touchent car elles nous semblent réalistes et on y croit. Une belle allusion à l'oeuvre Le Petit Prince de Saint-Exupéry ajoute encore à la poésie de l'ensemble.

Les images sont magnifiques et on en remercie le directeur photo Yves Bélanger, qui nous a offert à travers les années la série télévisée Les Bougons, autant que les très beaux films Gerry, Laurence Anyways, Dallas Buyers Club et La Petite Reine.

Pour réussir, avec humilité, à aborder et décrire la complexité des sentiments liés au deuil, au pardon, à l'acception de soi, aux relations entre hommes et femmes, à la relation complexe entre parents et enfants, il faut avoir un immense talent et une très grande sensiblité. Et comme toujours, Jean-Marc Vallée saupoudre le tout d'une petite touche magique d'humour qui vient équilibrer les sombres dédales de l'humanité dans lesquels il nous propose de nous plonger. Quel grand honneur que de voir un si bon film d'un compatriote québécois qui s'épanouit si joliment à Hollywood et dans le monde, quel bonheur que de voir l'oeuvre d'un artiste qui respecte autant l'humain, l'histoire, le cinéma, la musique et l'art en général. Pour lui qui fut complètement ignoré par les caméramen l'année dernière aux Oscars, espérons que nous verrons les actrices gravir les marches du Dolby Theatre bientôt pour qu'enfin nous puissions voir le visage de Jean-Marc Vallée sourire en se faisant remercier.

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