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Découvertes Cinéma

7 juillet 2015

Monde jurassique / Jurassic World (2015)

Jurassic_World_posterDepuis sa sortie, rien ne semble pouvoir arrêter les dinosaures de Jurassic World au box-office mondial, eux qui ne font qu'une bouchée des autres films présentement à l'affiche. Mais pourquoi ces dinosaures sont-ils encore si populaires près de vingt-cinq ans après la sortie du film culte de Steven Spielberg? De simples dinosaures n'impressionnent plus personne en 2015 comme le dit d'emblée le film lui-même, alors les scénaristes et le réalisateur Colin Trevorrow ont cherché à trouver des moyens efficaces pour les remettre au goût du jour dans ce blockbuster estival franchement réussi. Bryce Dallas Howard et Chris Pratt, le nouveau chouchou d'Hollywood après l'aventure Les gardiens de la galaxie l'été dernier, campent solidement les rôles principaux avec un jeu dynamique et beaucoup d'humour. Les nombreux clins d'oeil au classique de 1993, l'humour et les critiques amusantes face à l'industrie du cinéma, du divertissment et de la publicité sont d'ailleurs de grandes forces de Jurassic World. Les images du parc sont souvent si belles que l'on sent le même émerveillement qu'à l'époque de la sortie de Jurassic Park et les nombreuses scènes d'action contribuent à faire de ce film ce qu'il est, soit un film pop-corn excitant pour lequel il est préférable de laisser notre cerveau à l'extérieur de la salle de cinéma. Votre matière grise pourrait en effet vous faire grimacer lorsque les protagonistes réussissent à échapper au pas de course à d'agressifs et immenses spécimens ou encore lorsqu'ils restent nonchalament étendus au pied de l'une de ces gigantesques créatures impliquée dans un violent combat. En fait, bien des éléments du scénario sont tirés à gros traits. Aussi, certaines répliques humoristiques surviennent maladroitement peu de temps après que des personnes innocentes se soient fait cruellement avaler. Cela allège certes l'atmosphère, mais cela ne passe certainement pas bien auprès de tous les types de spectateurs. Enfin, là où le film échoue certainement le plus, c'est qu'il n'arrive pas à être aussi famillial que Jurassic Park ne l'a été à son époque (à moins bien-sûr que les temps aient si changés que la violence à l'écran ne soit aujourd'hui devenue plus qu'une banalité?). Les dinosaures font un véritable carnage dans Jurassic World et certaines scènes, impliquant même des personnages secondaires, sont assez crues. Monde Jurassique est donc un pur divertissement estival, mais fortement déconseillé aux moins de dix ans.

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23 juin 2015

Merci monsieur Horner

James Horner

Ce matin, le monde du cinéma et de la musique est en deuil. Le compositeur James Horner est décédé à à l'âge de 61 ans dans l'écrasement de son petit avion privé en Californie. Gagnant de deux Oscars pour sa trame sonore de Titanic et nominé huit autres fois aux Academy Awards, James Horner a profondément marqué le cinéma des années 80 jusqu'à aujourd'hui avec plus d'une centaine de bandes sonores. Il a été le compositeur de prédiléction de réalisateurs tels que Jean-Jacques Annaud, Mel Gibson, Ron Howard et James Cameron. Parmi ses oeuvres, citons Cocoon (1985),  Aliens (1986), The Name of the Rose (1986), Willow (1988), Fields of Dreams (1989), Honey, I Shrunk the Kids (1989), Glory (1989), Thunderheart (1992), Patriot Games (1992), The Pelican Brief (1993), Legends of the Fall (1994), Braveheart (1995), Casper (1995), Apollo 13 (1995), Jumanji (1995), Titanic (1997), The Mask of Zorro (1998), Ennemy at the Gates (2001), A Beautiful Mind (2001), The New World (2005), Apocalypto (2006), Avatar (2009), The Karate Kid (2010) et The Amazing Spider-Man (2012), pour n'en nommer que quelques-unes.

Monsieur Horner, votre musique était belle, grandiose, efficace et inoubliable. Votre oeuvre restera à jamais éternelle. Un grand merci monsieur Horner et reposez en paix.

24 mars 2015

La vie secrète de Walter Mitty / The Secret Life of Walter Mitty (2013)

the-secret-life-of-walter-mitty-poster1On savait déjà que Ben Stiller était un des grands comiques du cinéma américain et même un réalisateur de talent, après tout n'avait-il pas réussi le tour de force de permettre une nomination aux Oscars à Robert Downey Jr avec un film aussi déjanté que Tropic Thunder. Cependant, avec The Secret Life of Walter Mitty, Stiller arrive néanmoins à nous surprendre par une réalisation de très haut niveau, intelligente et subtile, extrêmement moderne et ponctuée d'images d'une beauté saisissante. La réalisation originale remplie de trouvailles aussi comiques qu'intelligentes et poétiques nous fait penser que ce film aurait aussi bien pu être réalisé par un Spike Jonze par exemple. Vraiment, Ben Stiller nous offre un petit joyau cinématographique déléctable du début jusqu'à la fin. D'ailleurs, même les génériques de début et de fin sont visuellement admirables! Si le contenant dans lequel est enrobé The Secret Life of Walter Mitty est impeccable, son contenu n'en est pas moins ravissant, fantaisiste et d'un comique savoureux. Le scénariste Steve Conrad, qui a écrit les très réussis The Weather Man et The Pursuit of Happyness, a fait un travail impeccable et un bel hommage à l'oeuvre de James Thurber (dont est aussi tiré le The Secret Life of Walter Mitty de 1947 qui n'a cependant au final pas grand chose en commun avec le film de Stiller). Ben Stiller est attachant et humain en Walter Mitty, Kristen Wiig est aussi drôle qu'à l'habitude et Sean Penn nous offre le rôle plus cool et décontracté de sa carrière dans la peau d'un énigmatique grand photographe. C'est un donc un film unique et tout à fait divertissant que nous vous invitons grandement à découvrir!

24 mars 2015

La Passion d'Augustine (2015) de Léa Pool - Féminisme, Laïcité et Musique.

passion-augustineOn pourrait penser en regardant la bande-annonce, que nous allons avoir affaire à un Rock'n Nonne  à la sauce québécoise (sans le caractère déjanté bien-sûr), mais il n'en n'est rien. L'ensemble ferait un peu plus penser aux Choristes, version féminine, pour les frissons musicaux et émotifs que l'on peut y ressentir. Bien que nous ne tombons pas dans le pathétisme à tout casser, ce n'est pas un film léger ou humoristique, mais plutôt un portrait d'une société en changement à travers l'histoire de Mère Augustine qui dirige un couvent musical près de la rivière Richelieu et de sa nièce Alice, nouvellement arrivée au couvent, qui possède un talent incroyable et un goût pour la désobéissance propre à son âge et son époque. Les religieuses font alors face à un gouvernement qui développe l'école publique, gratuite et laïque et elles feront tout pour sauver leur couvent. 

Le film est une idée originale de Marie Vien, scénariste principale et également auteure des dialogues. C'est elle qui a contacté la réalisatrice d'origine suisse, Léa Pool, qui a un talent pour raconter une histoire sans s'y immiscer, en laissant toute la place aux acteurs (plus souvent des actrices), dans une réalisation transparente efficace et à hauteur humaine. Pour ce film, Léa Pool  a misé sur l'authenticité en auditionnant non pas des actrices mais des jeunes prodiges de la musique, directement au Conservatoire de musique de Montréal. C'est là qu'elle a trouvé une jeune Bouchervilloise aux multiples talents, Lysandre Ménard (Alice) qui porte vraiment le film sur ses épaules grâce à son interprétation fraîche et pétillante et ses performances musicales époustouflantes et justes. Toutes les jeunes pianistes que l'on peut voir dans le film jouent réellement de leur instrument, ce qui donne vraiment au film toute sa force. Élizabeth Tremblay-Gagnon (Suzanne) offre aussi une interprétation brillante. Les jeunes actrices sont de superbes découvertes et elles sont épaulées par des artistes expérimentées de talent: Marie Tifo (très bien choisie pour le rôle), une Diane Lavallée très juste, Marie-France Lambert (que l'on revoit à l'écran avec plaisir), Maude Guérin, Valérie Blais et bien-sûr, la toujours excellente Céline Bonnier.

Si ce film était hollywoodien, on se permettrait de parler un peu plus de chaque département cinématographique puisqu'ils sont nommés aux Oscars. Je fais ici mention de François Dompierre qui signe la musique originale et différents arrangements de son cru, tel que l'hommage à Schubert. Le mixeur sonore Luc Boudrias et tout le département son ont fait un travail exemplaire et il faut aussi souligner le travail remarquable du directeur photo Daniel Jobin et de la costumière Michèle Hamel.

Si on devrait relever un problème ou quelque chose qui aurait pu être amélioré dans ce projet, ce serait probablement le scénario, qui aurait gagné à être un peu plus resserré, plus surprenant, plus accrocheur. Somme toute, on a droit à un très beau portrait de l'époque bien fait avec des émotions musicales justes, réalistes et puissantes, le tout dans un soucis du détail, une subtilité dans le jeu des actrices, une douceur et un respect dans la réalisation, avec certaines scènes qui sont carrément de petits bijoux, celle entre autres du dévoilement des religieuses qui doivent délaisser leurs anciens costumes au profit de ceux plus modernes ou encore la scène finale, époustouflante au piano.

27 février 2015

Whiplash (2014) - Une suspense musical imprévisible!

Whiplash_Whiplash est un film d'auteur définitivement unique. Le scénariste et réalisateur Damien Chazelle a réussi un véritable tour de force en allant chercher avec son film trois statuettes dimanche dernier à la cérémonie de remise des Oscars. Son film au modeste budget de 3 millions de dollars aura donc non seulement connu un succès critique inattendu, mais aura aussi finalement reçu les honneurs ultimes dans les catégories de meilleur acteur de soutien (pour l'excellent J.K .Simmons), meilleur montage et meilleur mixage de son. Il faut dire que Whiplash est un film extrêmement bien fait et intéressant à bien des niveaux. Miles Teller est excellent et totalement crédible en jeune batteur obsédé par l'idée de devenir le meilleur batteur de jazz au monde. Le fait que Teller a joué de la batterie étant plus jeune aide grandement au réalisme du film qui dans les partitions difficiles à jouer réussit habilement grâce au montage et à une multiplicité de points de vues à nous faire oublier que quelqu'un d'autre a dû prendre sa place. Le jeune acteur tient tête à un J.K. Simmons au sommet de son art et tyrannique à souhait dans le rôle de son professeur de musique. Dans le but de ne pas trop en révéler sur le récit du film, contentons de dire qu'il s'agit véritablement d'un suspense musical qui emprunte sans cesse des avenues inattendues aux conclusions imprévisibles. En ce sens, Whiplash est une film aussi divertissant qu'il peut être artistiquement achevé sur le plan visuel, sonore et musical.

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21 février 2015

La Théorie de l'Univers / The Theory of Everything (2014) - Lorsque tout est bien fait, la magie opère.

TheoryOfEverythingVoici un film touchant, inspirant, intelligent, bien écrit, bien mis en image et superbement interprété. On sent facilement que tous ceux qui ont travaillé à ce film ont voulu que ce soit une réussite et l'ont fait avec leur coeur. Et la tâche a été merveilleusement acomplie à la fois du point de vue de l'art et du divertissement. Plus que tout autre film en nomination aux Oscars cette année, The Theory of Everything de James Marsh mérite de repartir avec quelques préciseuses statuettes.

On nous raconte l'histoire de l'astrophysicien Stephen Hawking qui, en entrant à Cambrigde, commence à souffrir de la maladie de Lou Gehrig. Il rencontre Jane avec qui il se marie et fonde une famille. Nous suivons donc cette famille particulière qui doit faire face à un Hawking de plus en plus dépendant des soins que les autres lui prodiguent.

Il est fabuleux d'entendre des dialogues aussi bien écrits, réussissant aussi bien à nous toucher qu'à nous faire rire et ce, dans d'excellentes proportions. Les personnages que l'on nous présente sont riches, vivants, complexes, humains et ne manquent pas de saveur. C'est un réel plaisir à regarder, ils ne sont pas unidimensionnels et évoluent dans un monde qui est filmé d'une sublime manière. Les images sont magnifiques. L'oeil ne se lasse pas de regarder Cambrigde et la beauté à l'anglaise qui se dégage de l'oeuvre. La musique sous-tend avec parcimonie le propos en offrant une richesse et une variété sonore.

Tous les acteurs sont impeccables mais on ne peut pas passer sous silence l'incroyable performance de Eddie Redmayne qui représente son personnage sur une période d'environ une trentaine d'années, un temps durant lequel sa maladie le transforme et l'immobilise toujours un peu plus. Réussir à montrer diverses émotions en ne pouvant bouger qu'une infime partie de son corps, ça relève de l'exploit. De plus, on adhère complètement à son interprétation de cet homme que l'on connaît bien. Avoir l'air honnête, réel tout en imitant un personnage public connu et unique, vivant encore aujourd'hui, c'est totalement incroyable. Essayez juste un instant, en vous regardant dans le miroir... Il mérite amplement l'Oscar. Felicity Jones, qui interprête la femme de Hawking, doit composer avec une palette d'émotions assez large et son interprétation d'une femmme d'exception aussi forte que fragile est à la hauteur.

On peut critiquer peut-être l'approche du film qui a choisi davantage l'intrigue personnelle et amoureuse de Hawking au profit de sa très brillante carrière scientifique et de toute sa contribution dans le domaine de la cosmologie. C'est un choix subjectif, mais comme l'oeuvre est bien réalisée, la critique de ce choix serait tout aussi subjective.

Le film aurait vraiment mérité d'avoir aussi des nominations pour la direction photo et la direction artistique. Espérons qu'il ne reviendra pas bredouille ce dimanche.

19 février 2015

Birdman (2014)

BirdmanVoici le genre de film que l'Académie adore. D'abord, on y parle de cinéma et de théâtre, ce qui est toujours une formule gagnante lorsque l'on veut plaire aux critiques. Ensuite, on ajoute un morceau de bravoure technique en réalisant des plans-séquences semblant ne jamais se terminer en se fondant les uns aux autres, rappelant un certain film de Hitchcock (Rope). Pour enfoncer le clou, on saupoudre le tout d'une trame sonore originale et omniprésente, ici les percussions de Antonio Sanchez, et souvent intradiégétique puisque le musicien est intégré à l'histoire de façon ludique, un peu à la blague. Pour finir, on demande à des acteurs connus de plus ou moins jouer leur propre rôle tout en nous surprenant avec un jeu légèrement différent à celui auquel on est habitué. La recette a porté fruit car les critiques en général ont adoré ce film et qu'il s'est mérité neuf nominations aux Oscars.

Il faut dire que c'est tout à fait réussi. Le directeur photo n'en est pas à sa première nomination, lui qui a gagné l'an passé pour Gravity. Emanuel Lubezki est aussi à l'orgine de la signature visuelle du magnifique The Tree of Life, de Children of Men et de The New World notamment. Les acteurs font un excellent travail, eux qui ne tournent pas tous les jours des scènes aussi longues à jouer. On leur demande d'être très physiques parfois et intenses. Jouer un acteur qui joue, c'est aussi un autre niveau de difficulté et on sent bien lorsque le personnage doit être bon ou mauvais sur scène. La direction d'acteurs autant que la distribution est donc totalement à la hauteur de ce projet ambitieux. Michael Keaton, Edward Norton et Emma Stone méritent amplement leurs nominations. Nous avons aussi droit à un Zach Galifianakis comme nous ne l'avons jamais vu.

Le ton du film est aussi des plus intéressants. C'est un habile mélange de genres: comédie, drame, comédie (ou drame?) fantaisiste. Le seul hic avec Birdman, c'est que malgré toutes ses qualités et son originalité, on ne peut s'empêcher d'y voir beaucoup de parallèles avec les films The Wrestler (2008) et Black Swan (2010) de Darren Aronofsky. On a donc ainsi droit à une incursion dans le milieu du spectacle (ici le théâtre vs la danse et la lutte dans les films d'Aronofsky),  au fait que l'on joue sur la ressemblance des personnages avec les acteurs (Michael Keaton et son rôle de Batman, Edward Norton en acteur chiant qui donne du fil a retordre aux réalisateurs vs Mickey Rourke et sa carrière de boxeur), une scène de lesbiennes inattendue comme dans Black Swan, à une réalisation éclatante et inquiétante qui nous plonge dans le cerveau du protagoniste aux prises avec un double maléfique comme dans Black Swan - et de surcroît il s'agit d'un oiseau dans les deux cas! -, au rival qui rend fou (le rôle d'Edward Norton vs celui de Mila Kunis dans Black Swan), au thèmes de l'homme en fin de carrière qui tente à tout prix de s'accrocher et du mauvais père qui voudrait bien se faire pardonner comme dans The Wrestler, à une fin ouverte (ou plutôt pseudo-ouverte) comme dans The Wrestler, etc. Bref, les ressemblances avec ces deux films sont bien trop nombreuses pour que le cerveau du cinéphile puisse accepter de seulement s'ébahir devant Birdman. C'est bien dommage donc que le scénario signé par Iñárritu n'ait pas su s'éloigner davantage de ces deux films de surcroît très récents et certainement appréciés du même genre de spectateurs susceptibles d'aimer Birdman. Ce qui distingue ce dernier est l'incroyable ambiance claustrophobique de l'ensemble dû au parfum de huis clos créé par l'illusion d'un plan unique pendant toute la durée du film. Mais c'est peut-être aussi la critique sociale à propos du marchandage de l'art, de l'art versus le divertissement et la célébrité, de les médias sociaux, des critiques artistiques, du cinéma-poubelle qui nous sert, été après été, des super-héros qui s'approprient le médium cinématographique.

15 février 2015

Tireur d'élite américain - American Sniper (2014)

AmericanSniper_American Sniper a fait couler beaucoup d'encre au cours des dernières semaines. Beaucoup de spectateurs et de critiques de cinéma en ont fait un objet de progapande républicaine pro-guerre et d'apologie de l'armée américaine. Il est déplorable que tant de gens ont parlé de ce film seulement pour dire ce qu'il pensaient eux-mêmes de la présence américaine en sol irakien. Comme si, parce que ce sujet est délicat, on en oubliait tout ce qui s'était passé à l'écran. Dans cette critique donc, nous parlerons du film de Clint Eastwood et non pas de politique entourant la guerre en Irak. En fait le film est assez neutre pour que chaque spectateur teinte sa lecture du film avec sa propre opinion. Alors maintenant, concentrons-nous sur la vraie critique cinématographique.

Clint Eastwood signe une réalisation impeccable qui propulse le spectateur au coeur de l'action aux côtés du protagoniste. C'est l'histoire (inspirée de faits réels) de Chris Kyle, un cowboy du Texas, qui s'engage dans l'armée pour protéger ses confrères et qui ira combattre en Irak 4 fois en tant que tireur d'élite. Grâce à son talent, il se fabrique autour de lui une réputation qui lui vaudra le surnom de "Légende". Sa vie personnelle sera bouleversée par ce qu'il vivra sur le terrain.

Le film, nominé pour six Oscars, met en vedette un Bradley Cooper à certains moments presque méconnaissable, offrant une interprétation solide et humaine qui lui vaut sa troisième nomination consécutive aux Academy Awards. On arrive bien à comprendre le rôle que se donne ce tireur d'élite et le film ne pose ni un regard complaisant sur le personnage ni ne sombre dans la caricature d'une machine à tuer.

La photographie est impeccable comme dans tous les derniers films de Eastwood puisque depuis 2003, le réalisateur travaille avec Tom Stern qui décidément connaît bien son métier. La scène qui se déroule dans une tempête de sable en est d'ailleurs une d'anthologie et possède une beauté visuelle mémorable. Le montage ainsi que la bande-son nous plongent littéralement dans les scènes de combat et méritent amplement leurs nominations aux Academy Awards.

Ce qui a certainement contribué au succès de cette oeuvre en salles réside dans le fait que si vous avez envie d'un pur divertissement d'action, de suspense ou de drame de guerre, vous serez royalement servi et le popcorn n'en sera que plus délicieux. Que l'histoire soit vraie ou pas, ou à moitié vraie, peu importe ici car le film possède sa propre logique interne et le moment passé devant l'écran ne nous semble aucunement perdu. Si, d'un autre côté, vous avez envie de réfléchir sur les conséquences de la guerre en général, vous allez probablement aussi apprécier votre moment cinématographique grâce à son propos honnête sur le sujet. Par l'entremise notament de certains personnages, que ce soit le frère de Chris Kyle, son épouse ou certains de ses frères d'armes, on sent bien la critique de la guerre que fait Eastwood. En réponse à la polémique entourant le film, le réalisateur persiste et signe, insistant sur le fait que son film tient un très fort propos anti-guerre et qu'il est un pacifiste malgré qu'il soit un républicain réputé.  American Sniper est définitivement l'une des réalisations les plus prenantes et dynamiques de la carrière du vétéran réalisateur de 84 ans.

 

8 février 2015

Wild (2014) - Ce que l'on perd nous rend plus fort.

wild-reese-witherspoon1Décidément, Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y. en 2005, Café de Flore en 2011, Dallas Buyers Club en 2013) a trouvé une recette qui fonctionne pour lui et pour les acteurs qui ont la chance de travailler avec lui à Hollywood. Pour la deuxième fois en autant d'années, Vallée réussit le défi de tourner un film avec un bugdet très modeste comparativement aux autres projets hollywoodiens tout en accumulant les nominations aux Oscars pour ses acteurs et en réalisant des profits très intéressants pour ses films! En effet, le budget de Dallas Buyers Club a été évalué à 5 millions pour 55 millons de dollars en entrées pour le box office mondial, tout en ayant offert un Oscar à chacun de ses 2 acteurs principaux (Jared Leto et Matthew McConaughey), tandis que Wild dont le budget limité non chiffré est déjà rendu à 44 millions internationalement et deux nomations aux Oscars pour les actrices principales: Reese Witherspoon (Walk the Line (2005) (pour lequel elle a gagné l'oscar meilleur actrice), Mud (2012), Devil's Knot (2013)) et Laura Dern (The Fault in Our Stars (2014) et la trilogie Jurassic Park). Gageons que ce lucratif réalisateur n'aura pas fini de si tôt de trouver du travail chez nos voisins américains, au grand plaisir des cinéphiles!

Cette fois-ci, Jean-Marc Vallée met en images l'histoire vraie de Cheryl Strayed qui, après la mort prématurée de sa mère, perd tous ses moyens et s'enfonce dans un monde de débauche, perdant ainsi son mari et tous ses repères. Pour espérer s'en sortir, elle décide de faire à pied 1 600 kilomètres sur la crête du Pacifique en solitaire, même si elle ne connaît strictement rien à la randonnée pédestre. Nous suivons son parcours parmi les montages, la chaleur et la neige, bravant les épreuves autant physiques que mentales que ce voyage génère en elle.

Le défi était énorme et il est relevé avec brio. On aurait facilement pu tomber dans le cliché, dans ce que l'on dit trop, ce que l'on montre trop, mais Vallée réussit à éviter les pièges et les longueurs. Reese Witherspoon est à son meilleur, comme nous ne l'avons jamais vu auparavant. C'est un rôle taillé sur mesure pour elle qui s'est donné généreusement dans son travail. En fait, toute la distribution offre de superbes performances, même les petits rôles tels que le tatoueur (le chanteur Art Alexakis du groupe Everclear), par exemple. Jean-Marc Vallée parvient à raconter des histoires vraies qui restent réalistes, même une fois passée au travers de son filtre cinématographique pourtant poétique, éclaté, souple, toujours magnifié par la musique judicieusement choisie. Le montage se libère à travers les flashbacks et les images mentales qui remontent à la mémoire de l'héroïne, le réalisateur semble être capable de filmer ce qui se passe dans la tête de Cheryl et reste très proche de l'expérience humaine, ce qui facilite l'adhésion du spectateur à la réalité de la protagoniste. Elle tente de panser  ses blessures pendant que nous pensons aux nôtres, nous marchons avec elle, nous souffrons avec elle, nous avons envie de nous aussi nous lancer dans une grande aventure. Même les plus petites péripéties nous touchent car elles nous semblent réalistes et on y croit. Une belle allusion à l'oeuvre Le Petit Prince de Saint-Exupéry ajoute encore à la poésie de l'ensemble.

Les images sont magnifiques et on en remercie le directeur photo Yves Bélanger, qui nous a offert à travers les années la série télévisée Les Bougons, autant que les très beaux films Gerry, Laurence Anyways, Dallas Buyers Club et La Petite Reine.

Pour réussir, avec humilité, à aborder et décrire la complexité des sentiments liés au deuil, au pardon, à l'acception de soi, aux relations entre hommes et femmes, à la relation complexe entre parents et enfants, il faut avoir un immense talent et une très grande sensiblité. Et comme toujours, Jean-Marc Vallée saupoudre le tout d'une petite touche magique d'humour qui vient équilibrer les sombres dédales de l'humanité dans lesquels il nous propose de nous plonger. Quel grand honneur que de voir un si bon film d'un compatriote québécois qui s'épanouit si joliment à Hollywood et dans le monde, quel bonheur que de voir l'oeuvre d'un artiste qui respecte autant l'humain, l'histoire, le cinéma, la musique et l'art en général. Pour lui qui fut complètement ignoré par les caméramen l'année dernière aux Oscars, espérons que nous verrons les actrices gravir les marches du Dolby Theatre bientôt pour qu'enfin nous puissions voir le visage de Jean-Marc Vallée sourire en se faisant remercier.

28 janvier 2015

Foxcatcher (2014) - Troublante poésie visuelle

Foxcatcher_First_Teaser_PosterDisons le d'emblée, Foxcatcher de Benett Miller (Capote et Moneyball) est un film extrêmement bien fait, mais inconfortable à l'écoute. Foxcatcher raconte les faits réels et troublants qui se sont produits dans les années 80 et 90 lors de la rencontre et la collaboration du multimillionaire et coach John Du Pont avec les frères David et Mark Schultz, champions du monde de lutte. La réalisation de Miller (en nomination aux prochains Oscars) est précise et poétique tandis que la direction photo de Greig Fraser (Zero Dark Thirty et The Gambler) est d'une beauté et d'une sensibilité rares. Le film est riche en détails en lien avec la pratique de la lutte et la psychologie et la préparation des lutteurs olympiques. Pourtant, Foxcatcher n'est en rien un drame sportif. C'est plutôt un drame biographique et psychologique qui maintient une forte atmosphère de suspense. Steve Carell, Mark Ruffalo et Channing Tatum sont absolument magistraux dans leurs rôles. Steve Carell qui est nomination pour l'Oscar du meilleur acteur est absolument méconnaissable dans le rôle de John Du Pont et Mark Ruffalo (nominé comme meilleur de soutien) confirme une fois de plus son talent immense et nous convainc totalement du fait qu'il est un champion du monde de lutte. Quant à Channing Tatum, il aurait lui aussi amplement mérité une nomination aux Academy Awards comme meilleur acteur dans un rôle principal. Non seulement est-il habile dans les situations demandant une forte maîtrise physique, mais il est aussi réellement sidérant par ses grandes qualités d'acteur. Si les ressemblances physiques entre les principaux personnages de cette histoire vraie et les acteurs à l'écran sont ahurissantes, frustrantes sont les entorses scénaristiques quant au récit réel des événements. Dans le but de ne pas trop vous en révéler, disons simplement que la principale ambiguïté cultivée par le réalisateur est vivement dénoncée par Mark Schultz qui la considère diffamatoire. Aussi, à la fin du film, un événement semble rapidement mener à un autre alors que dans les faits, il semble ne pas y avoir de corrélation puisque 6 ans se sont écoulées entre ces deux événements. Le scénario de Foxcatcher, même s'il a valu une nomination aux Oscars aux scénaristes E. Max Frye et Dan Futterman, aurait aussi gagné à être resséré. Bien que Foxcatcher ne soit pas un film vraiment divertissant pour le spectateur, il en vaut certainement le coup d'oeil pour sa réalisation et ses acteurs qui nous livrent de grandes performances.

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