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Découvertes Cinéma
7 décembre 2013

Dallas Buyers Club (2013)

Dallas_Buyers_Club_10C'est avec un grand plaisir que je vous écris cette critique de Dallas Buyers Club, un film américain du réalisateur québécois Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y. (2005), The Young Victoria (2009), Café de Flore (2011)). Les films de Vallée ont souvent été remarqués dans plusieurs festivals et ont remporté plusieurs prix. Ayant déjà goûté à l'Oscar pour The Young Victoria  (Best Achievement in Costume Design et nominé pour Make-up et Art Direction), on peut s'attendre à plusieurs nominations pour Dallas Buyers Club dans des catégories prisées.

Le film s'attarde sur l'histoire vraie de Ron Woodroof, un cowboy électricien du Texas macho et viril, alcoolique, raciste et accro au sexe qui apprend dans les années 80 qu'il est atteint du sida, alors que la maladie est reconnue pour plutôt faire des ravages du côté des homosexuels. Ostracisé par son milieu et bien décidé à se battre contre la maladie, Woodroof décide de trouver lui-même un meilleur moyen que celui qu'on lui offre à l'hopital pour augmenter ses chances de survie. Dans son parcours, il fait la rencontre de Rayon, un travesti atteint aussi du VIH. Ils s'embarquent ensemble dans l'aventure de la contrebande de médicaments en profitant d'un flou légal pour combattre à leur manière le sida.

L'histoire étant déjà, à la base, prometteuse, ils ont réussi à greffé à ce projet un Matthew McConaughey (Killer Joe (2011), Bernie (2011), excellent dans Magic Mike (2012)) plus motivé que jamais, prêt à perdre des dizaines de livres pour le rôle (38 livres en fait). Il est totalement méconnaissable, non seulement à cause du poids perdu mais aussi parce qu'il est totalement dévoué à ce personnage qui lui tient visiblement à coeur. Il est drôle, touchant, violent, profond, juste et ce malgré le tournage extrêmement rapide (25 jours!) et le bugdet du film incroyablement bas (évalué à seulement 5 millions!). Il n'y a pas de mot pour évoquer réellement la force de son interprétation. Il a déjà gagné des prix pour son interprétation (Rome Film Fest, Palm Springs International Film Festival, Hollywood Film Festival, Gotham Awards) et sa nomination aux Oscars n'est qu'une formalité. Le clan des acteurs qui ont réussis une transformation aussi incroyable ne comporte pas un si grand nombre de noms.

On peut y compter aussi par contre son acolyte Jared Leto qui joue ici merveilleusement un travesti mémorable. Il faut dire que M. Leto, aussi musicien, ne fait pas du cinéma pour rien. Son dernier fillm remonte à 2009 et on se rappelle son interprétation marquante dans Requiem for a Dream (2000). C'est d'ailleurs après un concert que Jean-Marc Vallée lui a demandé de jouer dans son film. Il nous offre un transsexuelle crédible qui ne tourne pas dans le grotesque ou le ridicule, utilisant tout l'humour et l'émotion possible. Il a perdu 30 livres pour le rôle et est resté dans son personnage tout au long du tournage, allant même à l'épicerie habillé en femme. Il a lui aussi déjà gagné un prix pour cette performance (Hollywood Film Festival) et il devrait aussi faire partie des invités d'honneurs aux Oscars.

Une seule caméra épaule, 5 millions, 25 jours de tournage, ce film est un réel tour de force. Jean-Marc Vallée (qui est crédité aussi comme monteur) réussit à garder sa signature bien à lui dans les scènes de fête, les hallucinations, cette signature qui nous rappelle C.R.A.Z.Y. et Café de Flore. Ce sont de belles trouvailes auxquelles Vallée greffe aussi une bonne dose d'humour (rare sont les fois où nous avons entendu autant rire la foule stoïque de la salle de cinéma). L'homophobie de Woodroof juxtaposé à sa relation avec Rayon nous offre des moments réellement touchants et totalement comiques. On se rappelera entre autres de la scène de masturbation en plan subjectif vraiment drôle comme d'un de ces petits détails qui exhalte les dimensions émotives, humaines et divertissantes du film. Il est fort à parier (et nous l'espérons) que Jean-Marc Vallée aura droit à une nomination (ou au moins les producteurs) aux prochains Oscars.

C'est un récit qui, en plus de nous toucher et nous divertir, nous fait réfléchir en nous offrant toute une dimension sociale sous forme de critique face à l'économie de marché qui s'empare du domaine de la santé, faisant des patients des cobayes prêts à payer de leur vie sans le savoir pour faire augmenter une compagnie en bourse. On nous aborde donc la question politique, économique et social du SIDA mais aussi de tout un système.

Les costumes et les maquillages sont fascinants à regarder. Les personnages ayant divers niveaux dans leur maladie, leur force, il est vraiment passionnant d'avoir l'impression de voir tantôt se creuser les joues, tantôt les couleurs plus normales de leurs visages revenir.

Bien que l'oeuvre soit unique, il est toujours amusant de réfléchir aux films auxquels nous pouvons penser pendant le visionnement. Il y avait un petit quelque chose de Philadelphia bien-sûr, de Argo, Erin Brockovich, Le Lutteur, et pour rigoler un peu j'ajouterais l'abonné télévisuel d'une autre époque L'Huile de Lorenzo. La dernière scène à savoir Woodroof qui fait du rodéo, elle, est une belle allégorie de la bataille que doivent mener les gens aux prises avec une maladie mortelle... s'accrocher de toute leur force pour survivre le plus longtemps que possible.

Je recommande ce film à tout le monde, pour son humour, sa justesse, sa maîtrise du récit et de la réalisation, pour sa leçon de jeu d'acteur, pour la fierté que cela apporte de voir le Québec et son savoir-faire briller d'une si belle manière à l'international.

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